Piece pour 8 Danseur·euses en cours de création
Notes d’intention
Cette pièce est le prolongement du travail mené pour le solo Salutations Mistinguettes.
M-81 est le nom de code du Boléro écrit par Ravel, pièce sur le désir, l’envoutement et dont la construction prend la forme d’un rituel. Si cette œuvre a eu de multiples versions chorégraphiques depuis sa création, il n’en est pas moins qu’une version n’a jamais été faite, celle de la mise en scène du désir du point de vue des femmes. Quel serait ce rituel, aujourd’hui ? Quelle formes prendraient-il, à l’heure où il est si complexe de se rencontrer et de se toucher ? On pourrait imaginer orchestrer un rituel d’envoutement pour conjurer nos peurs, réactiver nos désirs d’être là ensemble dans un même espace. On pourrait imaginer que les images virtuelles qui nous assaillent jours après jour disparaissent et que nos corps redeviennent sensoriels et vulnérables c’est à dire puissants.
Visions de femmes ; Et si la version manquante du Boléro se trouvait à cet endroit, celui de la transformation des images et des représentations ? Comment les imaginaires et/sur les corps se confrontent, se nourrissent, s’hybrident et inventent des manières d’être au présent ?
Visions de femmes ; Et si le désir avait la potentialité de nous soustraire de toutes les notions de fonctionnalités, d’évaluations diverses et variés, de fragmentations et autres mises à distance pour tenter à nouveau de voir, sentir et expérimenter le vivant ?
Vision de femmes ; Audre Lorde écrit «Une autre fonction importante du lien érotique, c’est de souligner ouvertement et sans crainte ma capacité à éprouver de la joie.*( Sister Outsider)
Voilà la joie serait la continuité , le fil rouge de cette version , la joie comme subversion, la joie aussi ténue soit -elle, la joie comme capacité d’agir, la joie comme expression du vivant , la joie comme ressource, la joie d’un corps en mouvement, la joie de s’extraire d’un monde binaire qui classe et qui sépare, la joie d’imaginer des mondes inconnus où la fluidité serait reine.
M-81, la version manquante revisite la chorégraphie de Maurice Béjart et interroge : Comment une pièce écrite il y a 60 ans peut s’actualiser dans les corps de danseur·euses qui ont 20 ans aujourd’hui ? Quelles traces va-t-elle laisser dans les corps ? Il ne s’agit pas de refaire, il s’agit d’une mise à l’épreuve du temps, de confronter les représentations du désir, d’y insuffler de la complexité et du paradoxe et de laisser fleurir le vivant.
